« Les femmes huissiers doivent être mieux représentées dans les instances professionnelles », interview parue sur Dalloz
L’association Femmes huissiers de justice de France souffle sa première bougie. L’occasion, avec Astrid Desagneaux, présidente de cette structure qui réunit deux cents adhérents, de faire le point sur la place des femmes dans cette profession.
La rédaction – Aujourd’hui, la profession d’huissier de justice compte 892 femmes pour 2314 hommes. Malgré la féminisation de ce métier, les préjugés à l’encontre des femmes perdurent-ils ?
Astrid Desagneaux – Le nombre de femmes huissiers de justice a augmenté de 120 % en dix ans. Toutefois, des préjugés existent encore. Quelques consœurs ont pu me dire qu’elles n’arrivaient pas à trouver d’étude ou à s’associer avec des hommes craignant de futures grossesses. Mais l’état d’esprit change avec le rajeunissement de la profession. Dans la tranche d’âge des 60-70 ans, cet état d’esprit persiste parfois mais il s’efface chez les jeunes huissiers. A Paris, il y a beaucoup d’hommes et de femmes associés.
La rédaction – Les femmes huissiers de justice sont peu présentes dans les instances professionnelles. Comment l’expliquez-vous ?
Astrid Desagneaux – Sur l’ensemble de la France (chambre nationale, chambres départementales et régionales), seulement 35 membres de chambres – sur les 243 – sont des femmes. La féminisation de la profession s’est faite entre 2000 et 2011 et je pense qu’aujourd’hui, il y a encore une méconnaissance du travail réalisé au sein de ces chambres. Pour se présenter seule, il faut avoir le courage. Il faut faire une campagne, se faire connaître… Une vraie » volonté d’y aller » est nécessaire pour y arriver. C’est pourquoi notre association cherche à pousser les femmes à présenter leur candidature dans les différents organes de tutelle.
La rédaction – Votre association vise à promouvoir, intégrer et faire évoluer la femme dans cette profession. Quelles actions envisagez-vous de mettre en place en 2012 ?
Astrid Desagneaux – Le grand projet de 2012 est de travailler sur l’indemnisation des femmes huissiers pendant la période de grossesse. Nous souhaiterions que soit élaboré un congé de maternité pour les professions libérales, avec l’idée de mettre en place un contrat assurantiel garantissant la parentalité ainsi que les risques liés à la grossesse et ses suites dans la profession. C’est une idée vivement soutenue par l’Union nationale des professions libérales (UNAPL) qui a lancé en mars le think tank Femmes professions libérales. Nous envisageons également de créer un réseau social sur le modèle de Linkedin, Viadeo ou Facebook pour les huissiers de justice, qui pourra être féminin dans un premier temps. Il permettra aux huissiers de justice de partager, d’échanger sur leur profession et d’établir des liens. Puis, si le projet intéresse aussi la chambre nationale, il pourra être étendu à tous les huissiers.
Propos recueillis par Caroline Fleuriot.
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